Rite et cérémonie

C’est par les rites que l'état humain peut être mis en communication avec les états supérieurs ; les cérémonies, quant à elles, même quand elles ne sont pas simplement inutiles ou même nuisibles, n’ont guère que des effets d’ordre psychologiques permettant aux individus en ayant besoin d’être mis dans un état émotif et mental adéquat à la participation aux rites eux-mêmes.

Malheureusement, c’est là une distinction que de nombreux prêtres ne savent pas faire, et il arrive communément que toute leur attention se porte sur les cérémonies au détriment des rites, et que l’accidentel étouffe complètement l’essentiel, d'autant plus que les cérémonies, ne consistant qu'à impressionner les assistants ou à leur en imposer par toute sorte de moyens sensibles, sont ce qu'il y a de plus extérieur et donc de plus immédiatement apparent.

La musique d'orgue n'a certainement rien de rituel, non plus que les divers chants de l'assemblée couramment superposés à l'Offertoire ou au Canon; quant au chant grégorien, qui ne semble être au fond, dans sa forme actuelle, qu'une reconstruction bien hypothétique et simplement humaine (on va même parfois jusqu'à l'accompagner d'accords soi-disant "parfaits"), il n'a probablement plus aucun caractère rituel, si toutefois il en eut jamais ; d'ailleurs, ne serait-ce pas en partie pour remédier à l'envahissement des mélismes et des fioritures et à l'effilochement rythmique et modal de ce chant déjà si flou qu'il fallut réadapter la liturgie et généraliser les messes basses ? Car la psalmodie n'est pas ici en cause, bien au contraire (cf. Étude sur la musique avec René Guénon).

"L'esthétique", d'une manière générale, est chose toute profane, qui n'a rien à voir avec les rites, non plus que tout ce qui n'est que pompe et artifice ; aussi le simple "décor" (ce que ne sont pas les vêtements liturgiques symboliques) ou la "chorégraphie" des servants de messe n'ont peut-être pas l'importance que certains leur attribuent, cette importance étant en tout état de cause sans commune mesure avec celle de la précision des gestes rituels du prêtre.

D'autre part, il devrait être évident qu'il est anormal de faire un sermon qui dure presque aussi longtemps que la liturgie eucharistique, alors que, par contre, la coordination du geste et de la parole, de même que l'accomplissement de toutes les rubriques prescrites, nous semblent avoir leur importance ; combien de prêtres disent sur chaque fidèle le Corpus Domini nostri Jesu Christi + custodiat animam tuam in vitam aeternam Amen ?

Mais ceci n'est qu'une courte note par laquelle nous voudrions engager le lecteur à lire les textes de René Guénon qui se rapportent à cette question (Cf. Rites et cérémonies et Cérémonialisme et esthétisme) ainsi qu'à l'efficacité rituelle d'une manière générale, et dont on trouvera maints exemples sur ce site.
  



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