De l'enseignement initiatique (extrait)

[...] Cela n’empêche nullement que les formes sensibles qui sont en usage pour la transmission de l’initiation extérieure et symbolique aient, même en dehors de leur rôle essentiel comme support et véhicule de l’influence spirituelle, leur valeur propre en tant que moyen d’enseignement ; à cet égard, on peut remarquer (et ceci nous ramène à la connexion intime du symbole avec le rite) qu’elles traduisent les symboles fondamentaux en gestes, en prenant ce mot au sens le plus étendu comme nous l’avons déjà fait précédemment, et que, de cette façon, elles font en quelque sorte « vivre » à l’initié l’enseignement qui lui est présenté [1], ce qui est la manière la plus adéquate et la plus généralement applicable de lui en préparer l’assimilation, puisque toutes les manifestations de l’individualité humaine se traduisent nécessairement, dans ses conditions actuelles d’existence, en des modes divers de l’activité vitale. Il ne faudrait d’ailleurs pas prétendre pour cela faire de la vie, comme le voudraient beaucoup de modernes, une sorte de principe absolu ; l’expression d’une idée en mode vital n’est, après tout, qu’un symbole comme les autres, aussi bien que l’est, par exemple, sa traduction en mode spatial, qui constitue un symbole géométrique ou un idéogramme ; mais c’est, pourrait-on dire, un symbole qui, par sa nature particulière, est susceptible de pénétrer plus immédiatement que tout autre à l’intérieur même de l’individualité humaine. Au fond, si tout processus d’initiation présente en ses différentes phases une correspondance, soit avec la vie humaine individuelle, soit même avec l’ensemble de la vie terrestre, c’est que le développement de la manifestation vitale elle-même, particulière ou générale, « microcosmique » ou « macrocosmique », s’effectue suivant un plan analogue à celui que l’initié doit réaliser en lui-même, pour se réaliser lui-même dans la complète expansion de toutes les puissances de son être. Ce sont toujours et partout des plans correspondant à une même conception synthétique, de sorte qu’ils sont principiellement identiques, et, bien que tous différents et indéfiniment variés dans leur réalisation, ils procèdent d’un « archétype » unique, plan universel tracé par la Volonté suprême qui est désignée symboliquement comme le « Grand Architecte de l’Univers ». [...]




[1] De là ce que nous avons appelé la « mise en action » des « légendes » initiatiques ; on pourra aussi se reporter ici à ce que nous avons dit du symbolisme du théâtre.

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